Le pire des drames est comme le meilleur des pains, c’est une recette transmise de génération en génération, fabriqué par une personne et mangé par une autre, on le grignote sur le chemin de la maison, on le partage on le beurre et finalement on n’en oublie jamais le goût.

Le travail d’AZ a le goût de ce pain tout juste sortit du four, peut être même tout juste sortit de la boulangerie en feu dont on retrouve l’ombre des charpentes carbonisées dessinées en négatif sur la croute noircie.

À première vue ce pain est immangeable et sa forme rabougrie nous tire les larmes tant sa noirceur porte les traces de son drame, mais il faudra saisir le robuste couteau tendu par l’artiste et découper les tranches qui composent les chapitres d’un art calciné en surface, mais qui laisse apparaître en son cœur une couleur et une matière aussi agréable que la brioche ou le vélin.

Telle une madeleine composée de tendres souvenirs d’enfance, de photos de vacances au pays natal, de dessins adolescents et de costumes. On observe l’artiste jouer dans les décombres avec la saleté des matériaux, qui mélange et corrige le cœur immaculé des souvenir tel que l’on les préconçoit — dans leur bain sépia et couverts d’amour. Le couteau même qui servi à couper le pain est désormais noir et son contour flou, comme vu à travers le corps liquide et cérébrale d’une recette locale en bocal.

L’ambiguïté de cette souillure reste charnière dans le processus d’AZ car il recouvre les souvenirs non d’un pansement, mais d’une bosse qui donne une forme insolite à l’œuvre (peut être même porte-elle chance, comme le bossu dont-on embrasse le handicap). À mesure qu’elle écrit â coups de blessures, se compose un présent non pas à l’ombre du passé, mais sous la lumière d’une vie qui colle à la peau tel un costume que l’on habite pour rendre la mort plus vivante.